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contre leurs ennemis, et contre ceux qui leur font du tort. Que s’il a cette vertu, comme une vertu est irréparable des autres, selon les Stoïciens, il possède donc aussi toutes les autres, dont plusieurs hommes manquent, selon la pensée des Sages. Nous voyons encore que le chien a du courage pour repousser les injures ; nous voyons qu’il a de la prudence, comme le témoigne Homère, qui rapporte qu’Ulysse, n’ayant été reconnu par aucun de ses domestiques, le fut seulement par son chien Argus ; ce chien n’ayant point été trompé ni par le changement qui était arrivé dans la personne de son maître, et n’ayant point perdu l’idée qu’il avait de lui ; en quoi il surpassa des hommes mêmes. Le chien, selon Chrysippe (qui paraît favoriser le moins les animaux privés de raison) n’ignore pas l’art célèbre de la dialectique. Car ce philosophe dit que, quand un chien est arrivé en quelque endroit où aboutirent trois chemins, alors il se sert du dernier des 5 arguments, que les Stoïciens appellent indémontrables : lorsque de ces trois chemins il en a examiné deux, par où il juge que la bête n’a pas passé, alors sans rien examiner davantage, il se jette dans le troisième. Cet ancien philosophe prétend que cela vaut autant que si le chien raisonnait de cette manière. La bête a passé ou par ce chemin-ci, ou par celui-là, ou par cet