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fin et plus pénétrant, puisqu’il s’en sert pour chercher à la chasse les bêtes qu’il ne voit pas ; et il les aperçoit aussi des yeux plus vite que nous ne pourrions le faire : il a aussi l’ouïe fort fine. Mais venons à sa raison intérieure, et aux marques qu’il en donne au-dehors ; et examinons premièrement sa raison intérieure. De l’aveu même des stoïciens dogmatiques, qui nous sont plus opposés que tous les autres, cette raison consiste à choisir les choses qui sont conformes à la nature, et à fuir celles qui lui sont contraires : elle consiste de plus à connaître les arts qui contribuent à cela : elle consiste enfin à acquérir les vertus convenables à la nature, qui servent à régler les passions. Or le chien (qui est l’animal que nous avons pris pour exemple) choisit les choses qui lui sont avantageuses, et fuit celles qui lui sont nuisibles ; cherchant tout ce qui est propre à sa nourriture, et s’en abstenant dès qu’on le menace du fouet. Il a de plus un art qui lui fait trouver ce qui lui est avantageux, qui est l’art de la chasse. D’ailleurs, il a quelques vertus : par exemple, il a de la justice ; car cette vertu consistant à rendre à chacun ce dont il est digne, le chien fait voir, qu’il la possède, caressant les gens de la maison, et particulièrement ceux qui lui font du bien, et défendant ses maîtres