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es, comme étant très bonnes, ne paraissaient pas encore être véritables ; et néanmoins, selon vous, elles étaient réellement et effectivement vraies : ne se peut-il pas faire de même, que des raisons opposées et contraires à celles que vous me proposez, soient réellement et effectivement vraies, et que cependant elles ne paraissent pas telles encore ? Ainsi nous ne devons pas encore donner notre assentiment à votre proposition, quoiqu’elle paraisse être appuyée sur une raison forte et solide. Mais, pour représenter ces oppositions plus exactement, j’ajouterai ici en particulier les moyens que nous employons pour conclure que nous devons suspendre nos jugements ; ce que je ferai, sans prétendre néanmoins rien assurer affirmativement, ni touchant leur nombre, ni touchant leur force. Car il se peut faire qu’ils soient faibles, et qu’il y en ait plus, que ceux dont nous ferons mention.

Chap. XIV Des dix moyens de l’Époque.

Les anciens sceptiques nous ont laissé dix moyens, desquels nous concluons que nous devons suspendre et retenir nos jugements : ils les ont appelés encore des raisons, ou des lieux communs, dans le même sens. Voici quels font ces moyens ou ces lieux.

Le premier est tiré de la diversité des animaux. Le second, de la différence des hommes. Le troisième, des instruments ou des organes des sens, comparés en diverses manières. Le quatrième, des circonstances. Le cinquième, des situations, des distances et des lieux. Le sixième, des mélanges. Le septième, des quantités et des constitutions, ou compositions des objets. Le huitième, de la relation, c’est-à-