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faut dire, que perſonne ne ſauroit plus rien établir de certain ſur toutes les choſes qui paſſent pour évidentes ſuivant les décidons des dogmatiques, ni touchant celles qui paſſent pour obſcures. Car ſi nous ſommes obligez de nous abſtenir de juger des choſes qui paſſent pour évidentes, comment oſerons-nous décider touchant les choſes obſcures, dont les dogmatiques diſent qu’ils ne peuvent les reconnaître que par les choſes évidentes ?

Néanmoins par ſurcroît de preuves, nous diſputerons encore ſur les choſes obſcures en particulier : & parce qu’il ſemble qu’on peut les comprendre, & les connaître avec quelque aſſurance, par le moyen du ſigne & de la démonſtration, nous ferons voir que l’on doit s’abſtenir d’accorder ſon aſſentiment au ſigne & à la démonſtration. Commençons par le ſigne ; auſſi bien eſt-ce un genre, qui ſemble renfermer dans ſon étendue, la démonſtration comme une eſpèce de ſigne.

Chap. X. Du Signe.

Toutes choſes ſont telles (ſelon les dogmatiques) que les unes ſont évidentes, & les autres obſcures. Les choſes obſcures, ſelon ces philoſophes, ſont ou obſcures tout à foit & pour toujours, ou obſcures pour quelque temps, ou obſcures de leur nature. Ils diſent que les choſes évidentes ſont celles