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ſes obſcures. Car celuy qui voudra juger de ces choſes obſcures, par quelque choſe d’obſcur, tombera dans le progrès à l’infini, & celuy qui en voudra juger par quelque choſe d’évident, tombera encore dans le progrès à l’infini, s’il veut prouver ce qu’il a pris pour évident, par ce qui luy paraît évident. Et s’il va de l’évident à l’obſcur, pour juger de l’obſcur, il tombera dans le Diallèle. Il eſt donc faux que quelques choſes vraies ſoyent évidentes, & que quelques-unes ſoyent obſcures, comme on le prétend.

Si donc ni les choſes évidentes ſeules ni les choſes obſcures ſeules, ni quelques choſes évidentes, ni quelques choſes obſcures ne ſont point vraies, il n’y a rien de vrai. Mais s’il n’y a rien de vrai, & que le Critérium foit une règle qui nous doive faire juger & diſtinguer ce qui eſt vrai, ce Critérium eſt une choſe vaine & inutile, quand meſme nous dirions par conceſſion qu’il y en a un.

Que ſi nous devons nous abſtenir de prononcer s’il y a quelque choſe de vrai, il en faut conclure, que ceux-là parlent témérairement qui diſent que la dialectique de la connaiſſance des choſes vraies & fauſſes, & de celles qui ne ſont ni vraies ni fauſſes. Au reſte, comme nous avons foit voir, que l’on ſe ſauroit trouver aucune règle de vérité, il