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des gens qui leur parlent, gens que nous n’entendons pas ; & une meſme eau peu chaude paraît incommode à ceux qui ont quelque inflammation, étant appliquée ſur la partie enflammée, qui ne paraît que tiède aux autres.

Dira-t-on que toutes les apparences des ſens, ou que toutes les imaginations ſont vraies ; ou dira-t-on qu’elles ſont en partie, vraies & en partie fauſſes ? Car de dire qu’elles ſont toutes fauſſes, nous ne le pouvons pas, n’ayant aucune règle du vrai approuvée ſans conteſtation, par laquelle nous puiſſions juger quel ſentiment nous devons préférer aux autres ; outre que nous n’avons aucune démonſtration vraie & jugée telle, puiſque nous cherchons encore une règle de vérité, par laquelle nous devons juger de la vérité de la démonſtration.

Ainſi ſi quelqu’un prétend qu’il faut ajouter foi aux ſens, quand ils ſont dans leur état naturel, & non quand ils n’y ſont pas, il dira une abſurdité. Car s’il dit cela ſans rien démontrer, on ne le croira pas, & s’il le veut démontrer, il ne le pourra pas, à cauſe de ce que nous avons dit, qu’on ne peut pas avoir à cet égard une démonſtration vraie qui foit reconnue & jugée telle. Mais de plus, quand on accorderoit que les perceptions de ceux qui ſont dans leur état naturel, ſont dignes de foi, mais non