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tout on ne pourra peut-eſtre prouver en aucune manière que l’homme doive eſtre le juge de la vérité des choſes ; le Critérium a quo. Car ſi quelqu’un veut dire que les choſes doivent eſtre décidées par l’homme, ou il avancera cela ſans démonſtration, ou il le prouvera par une démonſtration. Mais il ne peut pas dire cela avec démonſtration ; car il faut que ſa démonſtration ſçait jugée & reconnue pour vraie : mais, comme nous n’avons point encore de juge reconnu & avoué, par qui cette démonſtration puiſſe eſtre jugée, puiſque nous le cherchons ; nous ne pouvons point juger de la démonſtration, ni par conſéquent démontrer que l’homme foit le juge, ou le Critérium a quo, dont il s’agît maintenant. Que ſi on dit ſans démonſtration que les choſes doivent eſtre jugées par l’homme ; on ne méritera pas d’eſtre cru. Ainſi nous ne pourrons point aſſurer que l’homme foit le juge du vrai & du faux, ou le Critérium a quo.

Mais encore, qui eſt-ce qui pourra juger que l’homme ſoyt le juge, du vrai & du faux ? Si on dit que l’homme eſt le juge, ſans que cela ait été jugé comme vrai, on ne méritera pas d’eſtre cru ; & ſi on prouve qu’il eſt le juge, parce que cela a été jugé ainſi par l’homme, on prendra pour preuve cela meſme qui eſt en controverſe. Que ſi on dit que cela a été jugé par quelque autre animal, comment