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ciſion de cette diſpute eſt impoſſible ; il faudra qu’ils accordent que l’ame eſt une choſe incompréhenſible. S’ils diſent qu’elle peut eſtre décidée, qu’ils diſent par quel moyen ils la décideront. Ils ne le peuvent pas par les ſens, puiſqu’ils prétendent qu’elle doit eſtre conçue & connue par l’entendement, & par la raiſon. S’ils diſent que cette queſtion ſera décidée par l’entendement ; nous répondrons qu’il n’y a rien dans l’ame dont on ſçait moins certain que de l’exiſtence & de la nature de l’entendement, comme on le peut voir par ceux, qui conviennent bien entre eux de l’exiſtence de l’ame, mais qui ſont en grande diſpute les uns avec les autres à l’égard de l’entendement. Si donc ils veulent comprendre ce que c’eſt que l’ame par l’entendement & décider par ce moyen la controverſe de l’ame ; ils prétendront juger & éclaircir une choſe conteſtée par une autre choſe, qui l’eſt encore plus, ce qui eſt abſurde. Ainſi on ne pourra pas décider, non pas meſme par le raiſonnement, la controverſe de l’ame : & par conſéquent il n’y aura rien où on la puiſſe décider. Ce qui étant ainſi, il faut avouer que l’ame eſt une choſe incompréhenſible : d’où il ſuit que l’homme auſſi eſt une choſe incompréhenſible.

Mais accordons encore que l’on comprenne ce que c’eſt que l’homme. Je dis qu’après