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verons toujours que l’homme eſt une choſe incompréhenſible. Il eſt compoſé d’ame & de corps ; mais le corps & l’ame ſont deux choſes incompréhenſibles : donc le tout, qui eſt l’homme, l’eſt auſſi.

Prouvons que le corps eſt incompréhenſible. Les accidents d’une choſe ſont différents de la choſe dont ils ſont les accidents : ainſi quand une couleur, ou quelque choſe de ſemblable ſe préſente ou ſe foit ſentir à nous, la raiſon veut que nous diſions qu’il n’y a que les accidents, qui ſe font ſentir à nous, & non pas le corps meſme. D’ailleurs on dit que le corps a trois dimenſions : nous devons donc comprendre la longueur, la largeur, & la profondeur. Mais ſi la profondeur ſe préſentoit à nos ſens, nous connaîtrions quand de l’or ſeroit argenté : ainſi le corps eſt incompréhenſible.

Maintenant laiſſant là le corps, nous trouverons que l’homme eſt incompréhenſible par ce que ſon ame l’eſt. Voicy comme nous nous en convaincrons. Pour paſſer ſous ſilence les diſputes infinies & inexplicables des philoſophes, qui ont diſputé touchant l’ame ; les uns ont dit que l’ame n’eſt rien, qu’elle n’exiſte pas, comme entre autres Dicéarque de Meſſénie ; d’autres ont dit qu’elle exiſte ; & d’autres ſe ſont abſtenus de juger de cette controverſe. ſi les dogmatiques diſent que la dé-