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puiſſance. S’ils y ſont actuellement, celuy-là ne ſera pas homme qui n’aura pas encore une ſcience parfaite, ni une parfaite raiſon, & qui n’eſt pas dans l’état de mort ; car c’eſt là eſtre actuellement mortel. Que s’ils diſent que ces accidents ſont dans l’homme ſeulement en puiſſance, celuy-là ne ſera donc point homme qui a une parfaite raiſon, & qui a acquis une grande ſcience & une grande intelligence, ce qui eſt encore plus abſurde, que ce que nous diſions auparavant. Il paraît donc que nous ne pouvons avoir aucune notion de l’homme.

Auſſi, quand Platon veut que l’homme ſoyt un animal ſans plumes, à deux pieds, à larges ongles, capable de ſcience, ou de conduite politique ; il ne prétend pas dire cela affirmativement : car homme étant ſelon luy du nombre des choſes qui naiſſent ou qui ſe forment toujours, & qui ne ſont pas encore véritablement ; comme on ne peut rien prononcer affirmativement touchant ce qui n’eſt pas encore, comme il le dit luy meſme, il s’enſuit qu’il n’auroit pas voulu paſſer pour avoir donné cette définition précédente d’un ton affirmatif, & qu’il ne prétendait, en la donnant, autre choſe que d’approprier, ſelon ſa coutume, ſes expreſſions à ce qui luy paraiſſçait vraiſemblable.

Mais accordons leur que l’on peut avoir quelque légère idée de l’homme, nous trou-