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l’avoir compriſe, ou bien il dira qu’il l’a compriſe par elle meſme & qu’elle s’eſt préſentée à luy évidemment ; ou bien, il dira qu’il l’a compriſe par quelque examen & par quelque recherche. S’il dit que cette choſe obſcure s’eſt préſentée à luy évidemment, & qu’il l’a compriſe par elle meſme ; il faudra qu’elle ne ſoyt pas obſcure, & qu’elle ſoyt également évidente & viſible à tout le monde, il faudra que chacun la reconnaiſſe pour vraie & que perſonne n’en diſpute. Mais il y a toujours eu des diſputes inſolubles ſur chaque choſe obſcure parmi les dogmatiques. Il faut donc dire que ce dogmatique qui prononce affirmativement ſur l’exiſtence d’une choſe obſcure, ne l’a point compriſe, comme une choſe qui ſe ſoyt préſentée à luy évidemment.

Que s’il dit qu’il a compris cette choſe par quelque examen ; comment pouvait-il l’examiner avant que de l’avoir compriſe exactement, comme nous avons ſuppoſé, par conceſſion pour les ſtoïciens ? Car ſi, pour examiner, il eſt néceſſaire (ſelon les ſtoïciens) que l’on comprenne exactement ce que l’on veut examiner ; & ſi réciproquement, pour comprendre une choſe qui eſt en queſtion, il faut que l’examen ait précédé, comme nous l’avons démontré ; il faudra que les ſtoïciens avouent qu’ils ne peuvent ni diſputer, ni prononcer dogmatiquement ſur des choſes obſcures ; à moins qu’ils ne veuillent tomber