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de ces deux manières ; 1. ou par elle-même, 2. ou par quelque autre chose. Ces deux manières sont impossibles, disent ces sceptiques modernes : donc, concluent-ils, on doit douter de toutes choses.

Premièrement. Que l’on ne puisse pas comprendre une chose par elle même, cela se prouve par les contrariétés et les disputes qui sont entre les physiciens touchant les choses sensibles, et les choses intelligibles. Contrariétés et disputes, dont on ne peut point juger en aucune manière ; parce que dans cette controverse nous ne pouvons user, pour juger, ni de l’instrument des sens, ni de l’instrument de la raison : car l’un et l’autre étant également controversé, quel que soit celui des deux que nous voudrons employer, on n’y ajoutera pas foi.

Secondement. Delà il s’ensuit que l’on ne peut rien comprendre non plus par quelque autre chose, selon la pensée des sceptiques modernes. Car si ce par lequel on comprend quelque chose, doit toujours être compris par le moyen d’une autre chose, on se jettera dans le Diallèle, ou dans le progrès à l’infini. Que si quelqu’un veut supposer une chose comme comprise par elle-même, par laquelle il puisse comprendre une autre chose, il est réfuté par ce que nous venons de dire, et de prouver, savoir