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ainsi dire, contre leur nature, à prendre par hasard de sages résolutions, sentirent alors que tout était perdu : ils se hâtent donc d’approuver avec transport l’élection de Claude, personnage connu par sa patience dans les travaux, par sa justice et par un dévouement sans bornes aux intérêts de la patrie: car on le vit, après plus de deux siècles, renouveler l’exemple des Decius. Comme il désirait chasser les Goths, devenus par trop puissants et en quelque sorte citoyens de l’empire, il apprit, par les livres Sibyllins, que le premier des membres de l’ordre le plus illustre devait se dévouer pour assurer la victoire aux armes romaines; et, comme le sénateur, qui paraissait tenir ce rang, s’était volontairement offert, Claude prouva que ce devoir le regardait plus que tout autre, puisqu’il était réellement le prince du sénat et de tous les Romains. Ainsi les barbares furent mis en fuite et chassés, sans que l’armée romaine essuyât aucune perte, après que l’empereur eut sacrifié sa vie pour la république : tant il est vrai que les bons princes n’ont rien de plus cher que le salut des citoyens et le souvenir qu’ils doivent laisser après eux ! Noble calcul qui profite et à la gloire et au bonheur de la postérité. Tels furent, n’en doutons pas, les sentiments de Constance, de Constantin et de tous nos illustres empereurs.... Et il sut plaire aux soldats par ses qualités physiques, mais surtout par l’espoir qu’ils eurent avec lui des récompenses ou d’une licence extrême. Aussi la victoire fut-elle rude et pénible, à cause de l’habitude que les subordonnés, jaloux de commettre impunément toutes les fautes, avaient alors de suivre les ordres peu sévères, de préférence à ceux que dictait la nécessité.

XXXV. Aurélien.

Un si grand succès redouble l’ardeur martiale d’Aurélien, qui, pour en finir, en quelque sorte, avec les restes de