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rusé, turbulent, cupide, formé, comme d’instinct, à commettre toutes les fraudes, et, non moins habile à les cacher. Préposés aux vivres, et par cela même ennemis acharnés des citoyens utiles et de la fortune des cultivateurs, ils savent néanmoins quelquefois être généreux envers ceux par la faiblesse et au préjudice desquels ils ont amassé leurs trésors. Cependant Victoria, après la perte de Victorin, son fils, gagne les légions par une forte somme d’argent, et, de leur aveu, proclame empereur Tetricus, d’une famille noble, et gouverneur de l’Aquitaine; le fils de Tetricus obtient aussi les insignes de césar. D’une autre part, à Rome, Gallien faisait croire perfidement à ceux qui ignoraient les malheurs publics, que tout l’empire était en paix; souvent même, selon l’usage de ceux dont le seul but est de tromper, il faisait célébrer des jeux et des fêtes triomphales, pour mieux confirmer la réalité de ses mensonges. Mais pourtant à l’approche du danger, il sort enfin de la ville. Car Aureolus, commandant des légions de la Rhétie, encouragé, comme cela devait être, par l’indolence d’un si lâche empereur, s’était emparé du pouvoir, et marchait droit sur Rome. Gallien le défait auprès du pont appelé de son nom le pont d’Aureolus, le contraint de se réfugier à Milan; et, tandis qu’il attaque cette place avec des machines de toute sorte, il est tué par ses propres soldats. Voici comment : Aureolus, désespérant de faite lever le siège, dresse avec ruse de fausses listes, où il inscrit les noms des chefs et des tribuns de l’armée de Gallien, que l’empereur est censé vouloir faire périr; puis ces tablettes sont jetées, le plus mystérieusement possible, au pied des murailles. Le hasard veut qu’elles soient trouvées par ceux dont elles portent les noms; saisis de crainte, ils soupçonnent qu’un arrêt de mort est signé contre eux, et que la négligence des suppôts de Gallien a pu seule le faire tomber entre leurs mains. Aussitôt,