Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

impatience et le presserait de fausser compagnie à son médecin et à sa garde, si Nise n’y mettait le holà. Faut-il que Mr. Wellstone, par trop de précipitation, s’expose à une rechute ? Les majors ont mille fois raison de le retenir à l’hôpital jusqu’à guérison complète.

— Mais, Nise, il est guéri !

— C’est lui qui le prétend et tous les blessés tiennent le même langage dès qu’ils peuvent mettre un pied devant l’autre.

Fidèle au pacte que l’on sait, Liette ne veut pas engager une discussion trop vive avec sa sœur, mais au fond elle pense que M. le curé a dû s’exagérer quelque peu le péril. Si Nise aimait Robert comme il est aimé par une exquise jeune fille que Liette connaît bien, adopterait-elle toujours le point de vue des majors contre celui des fiancés ? Il est vrai qu’elle n’est pas fiancée, elle, Nise, et que, dans ces conditions, rien ne la presse.

Le mois d’octobre s’avance, avec son cortège de frimas qui grillent les derniers feuillages du parc et qui chassent les troupeaux de leurs pacages alpestres, quand enfin Mr. Wellstone annonce son arrivée.

Au jour dit, à l’heure dite, Liette et ses parents se rendent à la gare, au-devant de lui. Nise se défierait-elle de ses forces ? En vain l’a-t-on adjurée d’être de la partie.

— La maison ne peut rester vide, arguait-elle.

— Puisque la femme de ménage est là ! rétorquait Liette.

— Raison de plus, il faut quelqu’un pour la surveiller. Quand on s’est promis de bien faire les choses, on ne les fait pas à demi, ma petite.

Donc Denise s’occupe activement des derniers apprêts. Mr. Wellstone couchera à l’hôtel, où M. Daliot lui a retenu une chambre, mais on prendra les repas en famille, d’où la nécessité de corser le menu, d’autant que, ce soir, M. le curé est convié aussi.