Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nait la vérité. Il n’y a pas à l’évincer. Elle s’est désistée de son chef. Il n’en est pas moins prudent, utile et nécessaire de ne plus lui abandonner exclusivement, comme autrefois, le soin de correspondre avec Mr. Wellstone.

C’est à quoi songe la fine mouche en s’en revenant du presbytère et elle accorde tant d’importance à la chose qu’au lieu de continuer sa tournée, elle renonce à toute autre visite pour rentrer plus tôt rue Nézin.

— Ma chérie, dit-elle à Nise, avec une tendresse insolite, je crois t’avoir fait de la peine.

— Quand ça ? interroge Nise, agréablement surprise de tant de gentillesse.

— Hier ou avant-hier.

— À quel sujet ? Je n’y suis pas du tout, vois-tu.

— À propos de ma correspondance intime.

Cette fois, Nise « y est ». Et son silence même ne manque pas d’éloquence.

— J’ai été méchante, n’est-ce pas ? dit Liette.

— Mon Dieu, je ne prétendrais pas que tes reproches m’ont fait plaisir, mais tu étais un peu nerveuse et je n’y ai pas ajouté plus d’importance qu’il ne convenait.

Liette se suspend au cou de son aînée et la mange de baisers et de caresses.

— Chérie, chérie, tu es un amour de sœurette, tiens ! Je ne t’arrive pas à la cheville.

— Oh ! si, dit gaiment Nise, enchantée de se découvrir une cadette si affectueuse et qui lui tient un langage si touchant. Perchée sur tes cothurnes, tu es même plus grande que moi.

— Je parle au figuré, chérie, et tout à fait sérieusement. Tu as des qualités !… des qualités !…

— Encore un compliment et je me sauve.

— Bon ! Tenons-nous-en là pour cette fois. Mais sache, Nise, que je déplore mes vivacités et les paroles inconsidérées qui m’échappent parfois. Je m’en veux que tu aies à en souffrir.

— C’est bien à toi, Liette, répond Nise, en