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puisqu’elle doit boire le calice jusqu’à la lie, ne lui parle de rien. Et surtout promets-moi d’être bonne pour elle comme elle l’est pour toi.

— Je vous le jure, dit Liette, réellement attendrie cette fois.

Pendant qu’elle s’éponge soigneusement les yeux, puis regarde dans son miroir de sac s’ils ne sont pas trop rouges, M. le curé, levant les siens au ciel, en invoque la protection pour cette jeune âme qui manque de sagesse. Liette surprend le mouvement et plaint ce pauvre M. le curé de se mettre ainsi martel en tête. Mais elle ne veut pas laisser voir cette dernière faiblesse qui, si elle y succombait, risquerait de la mener trop loin. Et afin de reprendre du cran et d’en rendre aussi au saint homme qui semble n’être plus lui-même depuis quelques jours, elle lui confie d’un ton enjoué :

— J’oubliais de vous dire, monsieur le curé. Vous savez, Agathe ? Eh bien, je l’ai remise à sa place. Ça lui apprendra à vouloir brûler vos lettres d’Italie. Un beau coup qu’elle aurait fait là, ma foi !