Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

couru et son espèce de résurrection me le rendent encore plus sympathique.

— Eh bien ! mais, pourquoi douter d’un tel parti ?

M. le curé se résout à démasquer ses batteries.

— Écoute-moi bien, mon enfant. Tu m’as fait lire ses lettres ? Précisément et c’est pourquoi, à ta place, il me viendrait un scrupule. Je voudrais faire mon examen de conscience avant de prendre une décision irrévocable et me demander, en toute sincérité, si mon cœur vibre bien à l’unisson du sien.

— Je n’y suis plus, balbutie Liette. Il m’aime…

— En es-tu sûre ?

— Dame !

— Qui lui écrivait ?

— Mais, monsieur le curé…

— Qui lui écrivait ? répète gravement le prêtre. Si je ne m’abuse, ce n’était pas toi.

À ce coup droit, Liette se dresse presque agressivement.

— Pardon, monsieur le curé. Est-ce ma sœur qui vous a prié de me faire la leçon ?

— Ni elle, ni qui que ce soit.

— Alors ?

— Tu te demandes de quoi je me mêle, hein ?

— Une telle impertinence, non, je ne me permettrais pas, affirme Liette.

— Sans le dire, on peut le penser. Eh bien ! laisse-moi te répéter que je n’ai en vue que ton bonheur et celui de Nise. Je t’ai prévenue que ce que j’avais à te dire était délicat. Ce n’est pas très agréable non plus, j’en conviens, et encore moins peut-être pour moi que pour toi. Mais je veux ton bien, mon enfant. Mon âge, mon caractère, l’affection que je te porte et qui ne se démentira jamais, quoi qu’il arrive, me donnent le droit et même me font un devoir de te parler comme je le parle. Je t’en supplie, Liette, dit le prêtre avec émotion, rentre en toi-même. De Nise ou de toi,