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CYRANETTE


À ma femme
N. S.


PREMIÈRE PARTIE

I


Dans la salle à manger, où vient de l’introduire tout à trac cette petite folle de Juliette — « Liette », comme on dit familièrement — l’abbé Divoire ne peut réprimer un léger mouvement à la vue de la table desservie et sur laquelle il n’y a que quatre tasses fumantes.

— Déjà au café ? s’effare-t-il, avec sa rondeur de vieux commensal de la maison.

M. et Mme Daliot, et leur autre fille, l’aînée, Denise — qu’on appelle « Nise » tout court — se sont levés avec le plus aimable empressement, et c’est à qui le débarrassera de son chapeau, qu’il a oublié d’accrocher dans le vestibule et que Liette n’a pas songé davantage à lui prendre des mains, quand elle est allée lui ouvrir la porte du palier.

— Excusez-nous, monsieur le curé, répond Mme Daliot. Nous n’osions pas compter sur vous ce soir…

— Je m’en aperçois !

— Puis il va être l’heure d’aller à la gare, ajoute ingénument Liette, pendant que M. Daliot échange une vigoureuse poignée de main avec le prêtre et que Denise, retenue par une discrétion naturelle bien différente de la spontanéité plutôt exubérante de sa cadette, attend la petite tape sur