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VIII

Sans préciser autrement la date de sa venue, Mr. Robert Wellstone a parlé de la mi-août. Depuis lors, deux semaines ont passé. Le 15 août approche. On y touche presque et Liette, dont l’impatience grandit de jour en jour, ne sait que faire de son importante petite personne. Pour tromper l’attente, elle échafaude projets sur projets.

Robert, suppute-t-elle, ne pourra faire autrement que de lui consacrer la moitié de son congé. Les bonnes, les délicieuses parties que l’on fera ! N’est-ce pas, Nise ? On ira aux Charmettes, pèlerinage obligatoire des fiancés chambériens. On ira aussi à Aix-les-Bains, il va sans dire, et au Bourget, et plus loin, si c’est possible, à la Grande-Chartreuse, aux gorges du Fier, tout au moins jusqu’au Granier. Des amoureux, rien ne les arrête. Ils ont des ailes.

Des ailes ! Liette est sûre qu’il lui en pousse, et elle ne doute pas davantage d’avoir, quand il le faudra, le don d’ubiquité.

Qu’il est gentil.
Mon p’tit pioupiou
C’est mon chéri,
C’est mon bijou…

Tout cela est joli, en effet. Mais, avant de voler par monts et par vaux, dans le plus merveilleux pays du monde (après le Devonshire), avec le beau lieutenant du Royal Artillery, il importe de laisser venir celui-ci. Or, il ne vient pas vite. Et puis M. le curé s’en mêle, taquinant Liette, qui, il est vrai, ne s’en émeut pas beaucoup. Un anglican ? Hem ! À en croire l’abbé Divoire, ça ne l’enchante guère, ces fiançailles-là.