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— Mais non, maman, puisque, tant que Robert ne sera pas libéré de ses obligations militaires, je compte rester à la maison.

— Mais, est-ce bien le moment de te marier ? Songes-y, ma petite : un combattant.

Liette semble contrariée :

— Je t’en prie, mère !

— Que veux-tu, Juliette, il faut penser à tout.

— Oui, sauf à ça… D’ailleurs, tous les soldats ne meurent pas à la guerre.

M. Daliot juge bon d’intervenir dans le débat :

— Et puis nous ne sommes pas si avancés. Avant de bâtir des châteaux en Espagne, ma fille, il sied d’attendre que ce jeune homme ait demandé officiellement ta main.

— Pouvait-il la demander sans m’avoir consultée d’abord ? rétorque Liette. Patience, va ! ce ne sera pas long.

De fait, à quelque temps de là, M. Daliot reçoit une lettre de l’officier. Et si ce n’est pas encore la « demande » annoncée par Liette avec tant d’assurance, c’en est évidemment le prologue, car Mr. Robert Wellstone explique qu’il compte obtenir une permission, qu’il doit passer par Chambéry pour se rendre en Angleterre, et qu’il serait heureux, à cette occasion, de présenter ses civilités à M. et à Mme Daliot. L’archiviste, se rendant à l’évidence, admet qu’il ne s’agit plus de temporiser et en confère avec sa femme :

— Se fiancer en pleine guerre, drôle d’idée ! Mais qu’y faire ? Si ce garçon aime Liette et qu’elle l’estime capable de la rendre heureuse, autant lui qu’un autre, après tout.

Tel est bien au fond l’avis de Mme Daliot et, la voyant à court d’objections, Liette exulte.

— Robert va venir ! Robert va venir ! s’exclame-t-elle en se précipitant au-devant de sa sœur qui rentre d’une course.

La nouvelle bouleverse Denise. Elle en reçoit un