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feront bon accueil à votre demande, quand vous jugerez convenable de leur écrire. Et ce que vous me dites des vôtres me fait bien augurer de leur sympathie. Il me semble que je m’entendrai facilement avec eux, et mon seul regret est de ne pas les connaître encore. Mais, comme vous le dites, très cher Robert, patience ! cela viendra ! Nous en reparlerons, n’est-ce pas ? Car je serais bien dupe et bien fâchée, si je ne vous revoyais pas avant peu et, de toute façon, bien avant la fin de la guerre. Il faut vous arranger pour revenir à Chambéry le plus tôt possible. Je vous montrerai la ville et les environs, et vous verrez que notre Savoie n’est pas indigne de votre Devonshire.

« C’est entendu ? À bientôt donc, très cher Robert, et le meilleur, le plus tendre souvenir de votre

« Liette. »

L’auteur commente d’un ton satisfait :

— Tu vois ? Pas plus sorcier que ça !… Toi, je sais bien, Nise. Ce n’est pas la même chose. Ton intérêt n’est pas en jeu. Alors, ces réponses-là te donnent trop de tintouin.

Une phalène entre par la fenêtre et stupidement tourbillonne autour de l’ampoule électrique. Liette se lève avec tant d’impétuosité pour la chasser qu’elle renverse sa chaise. Fracas ! Éclats de rire ! Et une voix sévère crie de la chambre à côté :

— Liette ? Est-ce fini, tout ce bruit ? Fais-moi le plaisir d’éteindre la lumière et de nous laisser reposer.

— Allons bon ! murmure Liette. Et, penchée à l’oreille de Denise : ce que j’ai hâte d’être mariée pour pouvoir me coucher à mon heure !… Enfin, je ne veux pas la contrarier, cette pauvre mère… Bonsoir, chérie. Tu penseras à mon affaire, dis ! Arrange-toi, il faut que la lettre parte, avec ma photo, par le premier courrier, demain matin.