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peu que vous puissiez être l’âme tendre et sûre à qui je rêvais déjà obscurément.

« Combien ce doute était injuste ! Et combien eussé-je perdu de m’en tenir à cette sotte impression ! Vos lettres sont venues, toutes imprégnées de votre esprit, de votre âme et de votre cœur. Au travers d’elles, vous m’êtes apparue très différente du jugement que j’avais d’abord porté sur vous. Je vous ai devinée et je vous ai comprise en les lisant. Et le doute s’est dissipé, et l’impression est devenue si favorable qu’il n’y a plus eu que de la joie et de l’amour en moi. Et maintenant, ô Liette, vous ne me faites plus peur du tout. Je vous connais, je vous apprécie et je suis heureux et fier de vous aimer comme je vous aime, ardemment, passionnément, de toutes mes forces, pour la vie.

« Robert. »

« P. S. — Voulez-vous mettre le comble à ma félicité ? De grâce, faites-moi l’envoi de votre photographie en échange de celle qu’au risque de passer pour un fat je prends la liberté de vous dédier ci-inclus. Je ne sais, mais j’ai idée qu’elle me porterait bonheur. »

Le post-scriptum fait pousser un gros soupir à Denise, qui déplie la dernière lettre. Arrivée de la veille seulement, celle-ci confirme la précédente et n’est pas moins touchante, avec son pur parfum de spiritualité et de nostalgie.

« Avant hier, Liette, je vous ai fait, en toute simplicité, l’aveu de mon amour. Aujourd’hui, dans l’attente de votre réponse, voulez-vous souffrir les réflexions que me suggère notre cas ? Voulez-vous me laisser philosopher un peu à mon aise ? J’y suis enclin parfois. D’un Anglo-Saxon cette prédisposition vous étonne peut-être. Raison de plus pour m’expliquer. Je vous connais. Connaissez-moi à votre tour, chère petite âme.

« Ce à quoi je pense est grave. Je pense à la