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« J’ignore votre religion, cher monsieur Robert. Mais, ou je me trompe fort, ou vous en avez une, et moi, catholique, c’est du fond de mon cœur que je prie Dieu d’étendre sur vous sa protection.

« Bien affectueusement,

« Juliette. »

Le lieutenant semble prendre goût aux exercices épistolaires. Il répond, poste pour poste :

« Chère mademoiselle Juliette,

« Je suis anglican, mais Dieu est Dieu, et, quand je serais athée, comment n’agréerait-il pas les prières auxquelles votre bon petit cœur veut bien m’associer ?

« Mais, puisque vous êtes croyante, chère mademoiselle Juliette, pourquoi parler de hasard ? Le hasard n’est rien, s’il n’est la Providence. Nos vies sont dans les mains du Lord et rien n’arrive que par sa volonté, et tout ce qu’il fait est juste et bien. Si donc nous nous sommes rencontrés et s’il en est résulté entre nous un courant de sympathie, c’est que cette rencontre et cette sympathie étaient dans l’ordre divin des choses.

« Je ne me permets pas de conclure, chère mademoiselle Juliette, mais j’espère beaucoup de l’affection dont vous voulez bien m’honorer. Elle me comble de joie et ne doutez pas de la ferme volonté que j’ai de m’en montrer digne.

« Votre reconnaissant et fidèle

« Robert. »