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quoique perplexe. Vous n’avez pas de marraine qui vous écrive ?

— Ni marraine, ni sweetheart, affirme-t-il d’un accent convaincant.

— Oh ! alors, je ne demande pas mieux, moi !… Vous m’enverrez des cartes, dites ?… Des cartes illustrées, en noir ou en couleur, peu importe. C’est pour un album. J’en fais collection.

— Promis, dit l’officier, Mais y aura-t-il un accusé de réception ?

— Certainement.

— Merci, mademoiselle.

— De rien, monsieur.

Il lui tend un élégant carré de bristol dont elle voudrait bien déchiffrer tout de suite la suscription, mais qu’il lui paraît plus convenable de glisser négligemment dans son réticule. Et, à son tour, sans embarras, tout naturellement, elle lui donne son nom, son prénom, l’adresse de ses parents, toutes indications qu’il s’empresse de noter sur un calepin. Nise s’en montre légèrement scandalisée. À son sens, Liette exagère. Elle ne devrait pas. C’est aller trop loin.

— Liette, murmure-t-elle, voici maman !

Liette se retourne :

— Et papa !… Comme ça tombe ! Juste le temps de faire les présentations. Mon père, ma mère, annonce-t-elle avec désinvolture.

D’abord, M. et Mme Daliot ne comprennent rien à ce qui se passe. Les tommies se rembarquant, ils étaient en quête de leurs filles. Que font-elles avec cet officier et pourquoi celui-ci les salue-t-il eux-mêmes si ostensiblement et si révérencieusement ?

Plutôt interdits, ils lui rendent sa politesse. Un coup de sifflet fait diversion. Le lieutenant saute dans son compartiment et se met à la portière. Liette, sans façon, lui tend la main. Le train démarre et la poignée de main se prolonge.

— Liette ! dit Mme Daliot.