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CYRANETTE

« Ma chère enfant,

« J’espère que ce mot te trouvera plus vaillante. Cependant, je me suis empressé de déférer à ton désir et d’appuyer ta requête. Sache que tes parents sont disposés à y donner suite dans la mesure de leurs moyens. On parle d’un armistice prochain. S’il est signé, ce ne sera plus pour eux qu’une question de formalités et là encore je pourrai t’être utile en leur facilitant les démarches de mon mieux.

« Mais, ma chère enfant, ne me demande pas l’impossible. Quelque disposé que je sois à te venir en aide dans l’espèce de crise que tu sembles traverser, tu ne peux attendre de moi que je fasse pression sur ta sœur pour qu’elle aille là-bas. Denise a toujours besoin de beaucoup de ménagements, mon enfant, et, il serait inique de lui imposer une épreuve qui pourrait avoir de si déplorables résultats. Ta maman qui, je ne sais comment, a fini par découvrir la vérité, partage mon sentiment à cet égard. Je ne doute pas que tu le partages aussi et qu’en y réfléchissant… »

Pour la seconde fois, les mains de Liette retombent lourdement, et ses larmes coulent, lentes et amères, le long de ses joues creuses où la fièvre met comme un éclat de mauvais aloi.

— Pat !… Viens, mon chien ! Console-moi ! Je suis si misérable !

Une réaction se produit sous la première pensée qui lui vient et, dans un ressaut de volonté, ayant sonné la maid :

— Mary, dit-elle, donnez-moi vite de quoi écrire !

Avec l’aide de cette femme, elle s’installe à un guéridon. Mary, patiente en somme et attentionnée, lui cale le dos avec des coussins, dispose l’encre et la plume devant elle, ouvre le sous-main où sont des feuilles de papier au chiffre de la jeune Mrs Wellstone et qu’orne cette belle devise qui est la sienne : « Ma foi est ma loi ! »

— Si Nise ne vient pas, soliloque-t-elle, c’est à