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CYRANETTE

autrement que comme un généreux ami, un bon camarade, un charmant garçon qu’elle apprécie de plus en plus pour toutes ses qualités et qu’elle trouve exquis parce qu’il lui est indulgent comme M. Daliot et bienveillant comme M. le curé ?

Non, elle n’en est pas très sûre, et c’est ce qui lui arrache des larmes. Elle se rappelle son avertissement, à M. le curé. Elle se revoit délibérant avec lui dans son cabinet de travail et l’entend encore lui dire d’un ton si solennel :

— Chère petite, nul plus que moi ne désire que la vie te soit toujours facile et douce. Puisse aucun regret, aucun remords n’assombrir cet avenir inconnu vers lequel tu t’élances avec une si belle insouciance !

Cet avenir, à présent qu’elle le connaît, répond-il bien à ses espérances ? Et même répond-il bien aux aspirations de Robert ? L’aime-t-il bien, Robert, l’aime-t-il passionnément comme il aimait la Liette d’avant le mariage — une Liette qui n’était pas la vraie Liette, qui n’en était que le prête-nom ?

Infortunée Denise !

Est-ce l’effet du mal qui mine la jeune Mrs Wellstone et dont, non plus que son entourage, elle ne soupçonne pas encore toute la gravité ? Est-ce le résultat de cette souffrance où le sceptique voit un motif de plus de douter, mais où le croyant voit, lui, une autre raison de croire parce qu’il la sait purifiante et régénératrice ? Le remords n’est pas étranger à la crise de la jeune Mrs Wellstone et elle commence à comprendre qu’elle n’a pas bien agi en donnant le change à Robert et en n’écoutant pas

M. le curé qui s’efforça de la mettre en garde contre les conséquences de cette erreur. Mais que peut-il bien avoir encore à lui reprocher, M. le curé ? Ne serait-ce pas de lui avoir écrit pour le prier d’insister près de sa sœur et de ses parents afin de les décider à la venir voir ? Voyons un peu ce qu’il dit :