Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
CYRANETTE

« — Soit ! a-t-il consenti.

« Mais ce sursis ne durera pas éternellement et je me demande avec quelque inquiétude ce que je vais devenir lorsqu’il partira le matin pour ne rentrer que le soir. Je l’accompagnerais bien dans ses tournées, mais il assure que c’est impossible, que ça me fatiguerait trop. Et puis ça ne se fait pas. Une lady — et je suis une lady, Nise — ne doit pas se commettre avec les gens de ferme. N’en souffle mot à maman, qui rirait bien de me voir si attrapée, mais, plus je vais, plus je m’aperçois qu’en fait de conventions et de préjugés mondains, sociaux et autres, les Anglais et les Anglaises n’ont rien à envier aux plus collets montés de nos compatriotes. Chez eux, c’est jusqu’au bout des ongles. que l’on est aristocrate ou bourgeois. Et moi qui admirais de bonne foi la simplicité de Robert, je m’aperçois qu’au fond il est raffiné comme un dandy, quoiqu’il n’ait pas cru déchoir en s’alliant avec moi.

« Very well ! Nous avons un rang à tenir, nous le tiendrons. Mais tu sais, Nise, j’aurai quelque peine à m’y faire et il me faudra ouvrir joliment l’œil pour pouvoir toujours répondre de moi… »