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CYRANETTE

rester en haut, m’a dit gravement Yvonne. Il faut descendre, ma petite.

« — Pas sans toi !

« — Tu y tiens ! Allons, soit, pour te faire plaisir !

« Et nous sommes descendus tous, moi dans les bras de Robert, trop secouée pour pouvoir mettre un pied devant l’autre sans rouler du haut en bas des marches. Yvonne, qui a un cran vraiment étonnant, ouvrait la marche avec la lampe Pigeon, rallumée en hâte, et Francine formait l’arrière-garde, ce qui était assez dans son rôle.

« Les torpilles, pendant ce temps, succédaient aux torpilles. Crac ! crac ! crac ! Et chaque fois, croyant notre dernière heure venue, je serrais le cou de Robert, à l’étrangler. Enfin, nous arrivons au rez-de-chaussée. Et comme il y avait une accalmie, avant de nous enfoncer dans la cave, j’ai prié mon cher porteur de se débarrasser de son fardeau.

« — Ça va mieux, darling, laissez-moi marcher. Il ne faut pas que les troglodytes d’en bas se moquent de votre petite femme.

« Et je suis descendue sur mes jambes, toute seule, bravement, en riant de ma frayeur.

« — Il n’y a pas de quoi rire, allez ! m’a même dit la concierge, qui était en train de prophétiser les pires calamités à quelques-uns de ses locataires, groupés autour d’elle, dans un caveau à charbon.

« — Ah ! vraiment ? ai-je répondu. Mais qu’y faire si c’est plus fort que moi ?

« — Pensez aux victimes ! a grommelé une vieille dame en peignoir et mantille.

« — Y en a-t-il beaucoup ? me suis-je enquis innocemment.

« Mais un vieux monsieur en bonnet de loutre et robe de chambre — son époux, je crois — m’a rembarrée de belle façon :