— Et nos tommies, monsieur le curé ?
— Aïe !
Comiquement, l’abbé rengaine sa pipe, ainsi qu’un collégien pris en défaut. Tout de même, la privation lui est pénible et il ajoute d’un ton piteux :
— Au moins, s’il me faut renoncer au tabac, laisse-moi souffler un peu, Liette !…
— Tant que vous voudrez, monsieur le curé, dit Mme Daliot. Et fumez, donc, je vous prie. Si vous écoutez Liette, maintenant…
— Dame, n’a-t-elle pas raison de me rappeler à l’ordre ? Mais je lui demande en grâce de ne pas me mettre à la porte avant que j’aie pu échanger un mot avec son père.
— Pourquoi ne nous accompagneriez-vous pas ? dit l’archiviste. Nous aurions tout le temps de causer chemin faisant.
— C’est ça ! Vive le plein air et tant pis pour la pipe ! s’écrie Liette.
— Permettez, mes enfants… À quelle heure dites-vous, ce train ?
— Vers dix heures, répond M. Daliot.
— Vers !… Heu ! Heu ! c’est bien élastique, ces vers-là. Et si je me laisse induire en tentation, que dira ma gouvernante ? Agathe me règle comme un chronomètre, vous savez. De plus, et ceci est tout à fait sérieux, quand je me couche tard, je m’éveille tard. Or, je n’ai personne pour dire la messe basse à ma place demain matin.
— Sept heures de sommeil ne vous suffisent plus ! persifle Liette.
— Tu peux te moquer, toi ! N’as-tu pas honte de me reprocher ma paresse ? Combien d’heures durent tes nuits ?
— Oh ! cela dépend, dit Mme Daliot.
— Oui, convient l’abbé. S’agit-il d’aller à la gare le soir ou de partir en excursion dès le matin, mademoiselle renonce volontiers au dodo. Mais pour le reste !…