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CYRANETTE

Mme Daliot laisse échapper un soupir.

Que tout cela est loin et que les temps sont donc changés !

Dépourvu de la mise en scène indispensable à son éclat, que va être le mariage de Liette ? Ce qu’auront été ses fiançailles, quoique chose d’incontestablement original, mais aussi, hélas, de très choquant pour qui a le respect inné des convenances. Outre-Manche, on agit comme on l’entend et il se peut qu’il soit normal de s’y fiancer sur le quai d’une gare et de s’y marier en mackintosh. Mais Chambéry est en Savoie et la France n’est pas l’Angleterre.

Enfin, il faut se résigner et Mme Daliot essaie d’en prendre son parti, mais vraiment c’est dur. Si encore toute la vie conjugale de Liette et de Robert ne devait pas se ressentir de cette absurde dérogation aux principes !

Mi-indulgence, mi-prudence, M. Daliot a préféré ne se mêler de rien, et Nise observe la même retenue. Peu lui en chaut de savoir comment Juliette se mariera. Ce qui l’épouvante, c’est le fait en lui-même : Liette se marie et se marie avec Robert !

Le jeune homme n’appartient plus à l’armée. Toutefois il n’a recouvré qu’une liberté relative, son père lui ayant passé la main pour l’exploitation du vaste domaine rural d’où les Wellstone tirent le gros de leurs revenus. Aussi ne passera-t-il pas en France tout le temps qu’il désirerait. Il arrivera huit ou dix jours avant le mariage, emmènera sa jeune femme pour huit ou dix autres jours en un court voyage de noce dans le Midi, et reviendra avec elle faire ses adieux à M. et Mme Daliot avant de reprendre le chemin du home, par Paris, Boulogne, Folkestone, Londres et Plymouth. Liette se promet de s’arrêter un peu partout, notamment à Paris, où elle désire répondre à l’invitation d’une amie mariée avant elle et qui y réside. Si donc maintenant le temps s’écoule trop