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sa blessure quoique cicatrisée ne lui permettant plus de braver les fatigues de la campagne. Mais avant d’être radié des cadres, il allait avoir à subir d’autres visites et contre-visites qui le pouvaient mener assez loin.

— Eh bien, avait dit M. Daliot, si vous voulez, mon ami, ce sera pour le printemps. Vous aurez le temps de vous retourner, nous aussi. Et j’espère qu’alors madame votre mère pourra être des nôtres.

Un point délicat avait été également abordé : celui de la dot de Liette. Effleuré plutôt, Robert n’attachant aucune espèce d’importance à cette question, comme le montrait assez son sourire. Néanmoins, M. Daliot avait tenu à faire observer que, sous le rapport de la fortune, les deux jeunes gens auraient pu être mieux assortis.

— Monsieur, avait répondu Mr. Wellstone, vous me peineriez d’insister. Ce n’est pas ma faute si ma famille est riche et il y a quelque chose qui me paraît infiniment plus précieux que l’argent : c’est une affection mutuelle. Or, nous nous aimons. Mlle Juliette et moi.

— Une grosse dot n’exclut pas nécessairement l’affection, mon ami.

— Sans doute et je suis heureux de savoir que ma compagne aura une vie large et facile. Mais que pourrais-je attendre d’une « héritière » qui ne m’apporterait que la vanité d’une âme vénale ou mondaine ? Ce genre de femme m’inspire une telle frayeur, dit en riant Robert, que je n’en voudrais pour tout l’or du monde.

— Quel digne et bon jeune homme ! s’était laissé aller à dire l’archiviste, en rapportant cet entretien à sa fille cadette.

— Une perle, papa, une vraie perle ! avait renchéri Liette. On nie que la perfection soit de ce monde. On a tort. Lui est parfait.

Entre les fiancés, la correspondance avait repris dès les premiers jours de leur nouvelle séparation,