Page:Sevestre - Cyranette, 1920.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas apporté la consécration officielle de ses fiançailles ?

C’est dans les formes en effet, quoique sans « tralala », que Mr. Wellstone a fait sa demande, le soir même de son arrivée, en présence de l’abbé Divoire. Les jeunes filles s’étaient retirées, mais de leur chambre, en prêtant un peu l’oreille, on entend ce qui se dit au salon, où M. et Mme Daliot venaient de passer avec leurs invités.

Nul besoin au demeurant d’être magicienne pour deviner de quoi il s’agissait. Et quand Robert quitta la maison, en compagnie de M. le curé qui s’était obligeamment offert à le conduire à l’hôtel, Liette était fixée sur le résultat de cette grave délibération, dont ses parents ne lui fournirent le compte rendu que le lendemain matin.

Mr. Wellstone avait bel et bien sollicité l’honneur d’obtenir sa main. Il était agréé comme futur gendre par l’heureux père et l’heureuse mère, et tout avait été prévu et réglé pour le mieux, sauf la date précise du mariage qui, comme de juste, ne pouvait être célébré tout de suite. M. et Mme Daliot tenaient à ce qu’il eût lieu à Chambéry, mais par cela même Robert allait avoir plus de formalités à remplir qu’il n’en aurait eu en Angleterre, où l’on se marie avec une facilité dont on n’a pas idée en France. Les fiancés s’y présentent devant un clergyman quelconque, lequel leur lit un bout de papier et leur remet un certificat, après un geste de bénédiction. C’est tout. Pas de bans. Non ! pas de publication, pas de témoins, pas de pièces d’identité ! L’hymen à la vapeur, à la six-quatre-deux ! Et en voilà tout de même pour la vie !

Mais en France on aime à faire les choses plus posément. De plus, Robert lui-même était d’avis d’attendre des jours moins tristes. L’état de santé de sa mère pouvait s’améliorer et le militaire qu’il était encore avait tout intérêt à ne pas brusquer le dénouement. Il ne devait pas retourner au front,