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Mme Daliot gronde Liette, qui ne l’a certes pas volé.

— Ma fille, tu manques de tenue à un degré incroyable.

— Mais non, maman. Seulement, avec toi, il faudrait toujours être empruntée… Vous venez, dear ?

— Attends un peu, dit M. Daliot. Mr. Wellstone a sa cantine aux bagages. Je vais m’occuper de l’en retirer et de la faire porter tout de suite à l’hôtel.

— Merci, mais c’est inutile, déclare le lieutenant. Mieux vaut la laisser à la consigne. Il me faut repartir demain.

Ses traits un peu tirés, mais qui semblaient se détendre, s’assombrissent à nouveau, et un grand froid s’abat sur les épaules de M. et de Mme Daliot. Liette elle-même, toute saisie des derniers mots de l’officier, ne sait qu’imaginer.

— Demain ! s’effare-t-elle. Comment ! Déjà ?

— Je suis si inquiet pour la santé de ma mère ! répond tristement le jeune homme.

Allons bon ! Il ne manquait plus que cela ! Et, navrée de cette nouvelle complication qui dérange une fois de plus ses petites affaires, Liette écoute, la mort dans l’âme, ce pauvre Robert dont la maman va si mal.

C’est l’émotion qui a été funeste à Mrs Wellstone. Elle n’a pu supporter impunément le double coup qu’elle a reçu en apprenant, à quelques jours d’intervalle, le trépas présumé, puis l’inespérée résurrection de son fils. Liette, somme toute, n’en est pas trop surprise. Qui donc, mieux qu’elle, pourrait comprendre l’effet de ces terribles émotions-là ? N’en a-t-elle pas pâti elle-même au point que le docteur a dû intervenir et l’obliger pendant quarante-huit heures à garder la chambre ?

Vraiment, elle a de la peine, Liette. Elle plaint cette bonne dame Wellstone, elle plaint son cher Robert et ne fait pas voir la contrariété que lui