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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

renard s’enhardit et l’observa avec plus d’assurance. Pendant ce temps, le tigre s’approchait peu à peu de lui, mais d’un pas incertain. Son air plein d’une curiosité interrogatrice acheva, surtout, de déterminer le Renard de lui jouer un tour dont l’audacieux animal comptait bien sortir sain et sauf.

— « Halte là ! qui te rend si hardi d’échauffer ma bile ? Tu passes devant moi sans courber la tête ! N’as-lu donc jamais entendu parler de l’oncle du lion ? Tu seras châtié de ta témérité ! » gronda le Renard d’une fureur affectée.

Le tigre avait peine à croire ce que lui disait cet avorton. Il avait encore plus peine à croire à la possibilité d’un audacieux mensonge de la part d’un animal si peu redoutable, surtout en sa présence ! Il se rappela pourtant avec terreur la figure épouvantable du lion, le seul animal qu’il craignit au monde. Pris entre le doute et la crainte, il ne savait s’il devait s’enfuir ou s’il devait attaquer. Devant son hésitation maladroite, le Renard continua triomphalement :

— « Tu as l’air de ne pas me croire ! Tu n’es qu’un stupide nigaud ! Viens, avant de te châtier, je veux te montrer ma haute situation ! Suis-moi, et tu verras comment les autres animaux se tiennent à mon égard ! »

Suivi du tigre le rusé Renard se dirigea vers une forêt vierge qu’il savait habitée par un essaim d’animaux divers. À la vue du tigre, mille bêtes de proie se prosternèrent, tremblant de peur !

— « Tu vois bien maintenant, chuchota le Re-