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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

ple « grenouille au fond d’un puits qui voit le ciel pas plus large que le trou de sa demeure ! Je me fais vieux ! Avant de mourir, je veux visiter le fameux mont « Kum-Kan » dont on m’a souvent parlé, peuplé de mille merveilles et dont le beau nom seul excite ma curiosité ! »

Un beau jour, il partit donc pour le mont Kum-Kan qui se trouvait à mille lieues au sud du mont Bectou.

De montagne en montagne, de vallée en vallée, il marcha dans la direction du mont Kum-Kan. Soudain s’étant trouvé sans nourriture, il fit des détours par les lisières broussailleuses des forêts, dans l’espoir d’y rencontrer quelques tendres lapins. Vers le soir, il fut tout heureux de découvrir, entre deux rochers, un petit animal assez bizarre à la taille mince et svelte, à la tête fine dotée d’un museau pointu et surmontée d’une paire d’oreilles attentives ! Notre tigre ne se rappelait pas avoir vu, quelque part, une bête semblable.

C’était un vieux renard fort rusé. Il venait de sortir de son terrier, comme d’habitude, à la faveur du crépuscule. Il allait partir pour tenter quelque aventure dans les basses-cours d’un village voisin.

— « Mon dieu ! qu’est-ce que c’est çà ! C’en est fait de moi ! Je suis perdu ! » songea-t-il quand il aperçut le vieux tigre parmi les broussailles.

Cependant il l’examina attentivement, tout en cherchant le moyen de se sauver. Le tigre était timide et gauche. Ses manières lourdaudes prouvaient clairement qu’il était sans adresse ! Le