Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

malheureux sort ils se traînèrent sur le talus, puis se blottirent machinalement l’un contre l’autre, ne sachant plus quoi faire. Cependant la nuit s’éclaircissait peu à peu. Et avec les premiers rayons de soleil arrivèrent quelques pêcheurs matinaux. Ceux-ci s’installèrent paisiblement au bord du fleuve avec leurs lignes plongées dans l’eau. Soudain des cris joyeux d’un pêcheur attirèrent l’attention des malheureux Minet et Toutou :

— « Tiens ! je trouve une bille dans les entrailles de ce gros poisson ! »

— « Tu entends, Toutou ! dit Minet d’un ton éveillé.

— « Il est très possible que ce soit la nôtre, répondit vivement Toutou. Regarde, Minet, il la jette par terre avec les entrailles du poisson ! » repartit le chien tout en surveillant attentivement les gestes du pêcheur.

— « Allons voir de près », dit Minet entraînant son ami Toutou.

Tous deux, l’air piteux, la tête basse, la queue collée sur leur derrière, ils s’approchèrent timidement des entrailles abandonnées. Les pêcheurs qui ne voyaient en eux que deux malheureux bêtes affamées n’y prêtaient aucune attention. Ô miracle ! Toutou et Minet retrouvèrent dans les entrailles du poisson leur bille perdue. Sans perdre du temps, ils se précipitèrent vers la maison de leur maître qui retrouva aussitôt toute sa gaîté, son bonheur et sa santé avec la précieuse bille.