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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

qui devint brusquement comique à l’annonce de la bonne nouvelle de la bille.

Minet eut toutes les peines du monde pour le ramener au calme.

— « Alors rentrons vite maintenant ! » dit Minet.

— « Oui, mais donne-moi auparavant la bille que je porterai dans ma gueule. Ce sera plus sûr, car la tienne étant trop petite j’ai peur que tu la laisse tomber dans l’eau ! » dit Toutou d’un ton têtu qui ne souffre pas d’observation.

Minet dut lui céder la bille d’un geste à la fois sec et boudeur, non sans lui avoir vertement recommandé mille fois de ne pas faire attention aux morceaux de poisson pourri qui circulent sur l’eau, car Minet savait que Toutou est un grossier gourmand qui ne dédaigne rien de mangeaille.

Sur la promesse répétée de Toutou, ils se mirent donc dans l’eau l’un sur le dos de l’autre pour regagner l’autre rive. On allait presque toucher la terre quand Minet demanda à Toutou s’il avait bien la bille dans la gueule. Toutou voulant lui répondre affirmativement écarta machinalement ses mâchoires, et la bille en glissa dans l’eau ! Le chien poussa un tel cri de désespoir en secouant les épaules que le chat fut précipité dans le fleuve. Heureusement pour Minet, on était à deux pas de la rive. Il n’eut qu’un mauvais quart d’heure à passer dans l’eau. Quant à Toutou il fit immédiatement plusieurs plongeons pour retrouver la bille, mais il faisait si nuit qu’il dût y renoncer.

Tout tristes et découragés, maudissant leur