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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Mais moi, j’ai bien remarqué que chaque fois qu’il était ici, il n’a jamais cessé de fixer ses regards attentifs sur notre bouteille ! Alors que dois-je conclure ! » dit le brave chien d’un air pensif.

— « Tu vois, je pense exactement comme toi, mon cher Toutou. Ça ne peut être que ce vilain monsieur qui nous l’a volée. D’ailleurs ne se plaignait-il pas déjà à notre maître de n’avoir pas autant de recette qu’autrefois, depuis que nous avons cette bille. Il faut que nous allions la lui reprendre. Mais comment franchir le fleuve qui nous le sépare ! »

— « Pour cela ne t’inquiète pas, mon cher Minet. Puisque je sais nager. Je te prendrai sur mon dos ! »

Le soir même à la faveur de la nuit, ils traversèrent le fleuve l’un sur le dos de l’autre.

Arrivés à l’autre rive, Minet dit à son ami Toutou :

— « Reste là bien sagement et attends moi jusqu’à mon retour. Et surtout n’essaie pas de me venir en aide. Ta présence peut très bien éveiller l’attention des gens. »

Toutou ayant promis d’être sage, Minet partit lestement vers la maison du marchand de vin. Puis franchissant d’un seul saut la muraille, il s’introduisit dans les appartements mêmes de ce riche marchand. Aussitôt il commença à fouiller pièce par pièce. Or, en passant d’une pièce à une autre, il surprit un gros rat en train de déguster une crêpe au potiron dans un buffet. À la vue du chat il s’immobilisa comme pétrifié.

— « Mon pauvre rat, je te laisserais la vie