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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

ce mariage. Cependant vous n’ignorez pas la gravité de mon acte. C’est presque un crime non seulement envers l’honneur et envers vous, mais encore envers mes parents. Vous seul pouvez sauver ma situation. Je vous demande donc maintenant de me rendre un service : Soyez le témoin de mon mariage et accompagnez-nous jusque chez mes parents. »

— « Si ce n’est que celà, je me conforme à voire désir… »

Quelques jours après, An Singdo, monté sur un magnifique cheval accompagna le nouveau couple qui se rendit de Tchoung-Tchung à Jun-La, où habitaient les parents du nouveau marié. Après avoir passé par le carrefour Tchun-Ansan-Gry, ils arrivèrent à la nuit tombante au chef lieu de la province de Jun-La, chez le gouverneur qui était, comme nous l’avons vu plus haut, le père de Yang-Tchun-Bal.

Sitôt débarqué, ce dernier se prosterna devant son père et lui fit fidèlement le récit de son mariage. Le gouverneur manifesta d’abord une profonde indignation, puis fit venir An Singdo à qui il présenta ses excuses :

— « L’injure que vient de vous faire mon fils est impardonnable ! Vous vous êtes montré trop indulgent pour lui. Pour avoir sauvé l’honneur de ma famille, je vous dois une profonde reconnaissance… »

Après un moment de silence, il poursuivit d’un ton calme :

— « Il me vient une idée… j’aime mieux vous la dire tout de suite. J’ai une fille de dix-huit ans. On ne la prendrait sûrement pas pour une