Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

réveillée brusquement, le retint en le prenant par la manche. Elle lui dit, toute effarée :

— « Seigneur, où allez-vous ? Votre agitation m’inquiète. Pourquoi mettez-vous tant d’empressement pour me quitter ? Que signifie ce visage hâve ? »

Le jeune homme, n’osant pas lever ses yeux, la mit au courant de toute la vérité.

— « Non, non, Seigneur, vous ne sortirez pas d’ici ! s’exclama-t-elle en éclatant en sanglots. Qu’importent les fiançailles et la cérémonie ! Vous êtes le premier homme que j’ai reçu dans ma chambre. Je suis perdue certainement si vous m’abandonnez… »

Pendant qu’une vive discussion se poursuivait dans cette étrange chambre nuptiale, An Singdo se réveilla, à moitié abruti par l’alcool. Il s’étonna d’abord de se trouver encore au salon. L’air floréal et doux qu’il respira avec volupté lui permit de reprendre nettement conscience.

— « Comment ! ne suis-je pas le nouveau marié ?… Ne devrais-je pas me trouver dans la chambre nuptiale ? Que signifie tout celà ?  !… Mais où est donc mon ami Yang-Tchun-Bal ? Serait-il déjà parti… »

Tout en se questionnant ainsi avec nervosité, An Singdo regardait sans cesse autour de lui et interrogeait les domestiques. Il comprit enfin la vérité. L’indignation s’empara de lui, mais il ne tarda pas à se calmer.

À vrai dire, An Singdo n’avait nullement le désir de se marier. Ce mariage, il ne l’avait accepté que pour se conformer à la volonté de son oncle. Il s’estimait à présent heureux d’avoir