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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

d’un cheval, le tirèrent de sa torpeur. Et il vit, par la portière de sa chaise, un beau jeune homme à cheval qui venait à sa rencontre.

À la vue de ce jeune homme, il poussa un profond et heureux soupir de soulagement comme s’il était à bout de patience de l’attendre.. Et il trouva tout naturel de l’interpeller poliment sans savoir au juste pourquoi ni comment :

— « De grâce, Seigneur, êtes-vous pressé ? Puis-je savoir d’où vous venez et où vous allez ? »

— « Si cela vous fait tant plaisir, Seigneur, je viens de chez mes parents qui habitent dans la province de Tchoung-Tchung, et je vais à la province de Jun-La chez mon père qui en est le gouverneur. »

— « Seigneur, vous n’êtes donc pas un voyageur pressé. Rendez-moi un service dont je vous serais reconnaissant toute ma vie. Je viens de Kiun-Sang et je me rends chez ma fiancée pour mon mariage. Or une grave indisposition, tout à fait inattendue, ayant contraint mon père de garder le lit, je n’ai point de témoin pour m’accompagner. Ce fâcheux événement s’est produit si soudainement que je n’ai pas même eu le temps de choisir un ami pour remplacer mon père. Seigneur, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, faites-moi la grâce de me servir de témoin ».

L’adolescent, d’un air fort amusé, accepta la proposition. Il fait faire à son cheval demi tour et suivit joyeusement la chaise à porteurs. Au début de l’après-midi, ils atteignirent la maison de la fiancée. An Singdo se présenta le plus naturellement du monde devant l’autel sacré de