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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

tous, Bondo le fiancé avait disparu ! Vainement on le chercha partout, il était bien parti laissant tous ses effets nuptiaux, muni seulement de la valise de son cousin Singdo qui ne contenait que le nécessaire de voyage. Cette escapade s’expliquait aisément : Bondo désirait céder sa place à son malheureux cousin Sindgo.

Bien que désolé, le père tint pourtant à sauver l’honneur de sa famille. Le fiancé était attendu, dans l’après-midi de ce même jour devant l’autel sacré des ancêtres. Le Seigneur An Kidon appela donc son neveu Singdo et lui dit :

— « Vous voyez la situation ! Je vous ordonne de vous présenter chez la fiancée. Elle vous est destinée, le sort en est jeté ! Quant à moi, je vais retourner à la maison, c’est mon devoir… D’ailleurs vous comprendrez… »

An Singdo, malgré lui, se voyait obligé de se marier. Il partit donc seul suivi de quelques domestique pour Gai-Riong, dans la province de Tchoung-Tchung. Cependant dans sa chaise à porteurs, il pensa : « Je me marie contre mon gré, contre la volonté de tous, contre la coutume du pays, puisque je me marie avec la fiancée de mon cousin ! Mais que va-t-on dire, là-bas, chez la fiancée, en me voyant arriver sans témoin ?… » Il s’imaginait déjà entendre les commérages des vieilles femmes qui sont généralement nombreuses surtout dans les cérémonies nuptiales :

— « Il vient se marier, comme celà, tout seul ! Il n’a donc pas un parent, pas un ami, pas une connaissance quelconque pour lui servir de témoin !…

Soudain les résonnements confus des grelots