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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Le soleil venait de disparaître à l’horizon dans un ciel de feu, quand le Seigneur An Kidon et ses enfants abordèrent une grande auberge dont le nom à la fois simple et poétique « Maison-de-Campagne », plut à Bondo. C’était, à coup sûr, une des meilleures auberges de Tchun-Ansan-Gry. Son toit était fait de chaumes pointus et ses murs de pisé étaient couverts de plantes grimpantes. Un vaste bar que l’on transformait, la nuit venue, en dortoir pour les voyageurs peu fortunés, était rempli de clients. Par une porte-cochère, le seigneur An Kidon et sa suite entrèrent dans la cour qui était entourée de tous côtés par des bâtiments. Des chaises à porteurs et d’énormes malles toutes prêtes à partir étaient posées ça et là. Dans une écurie, à droite, plusieurs chevaux vigoureux mâchaient gloutonnement dans leurs mangeoires. Quelques domestiques affairés couraient dans la cour.

Le Seigneur An Kidon retint une chambre pour lui et une autre pour ses enfants, et envoya ses domestiques au dortoir en question.

Après un dîner plantureux, l’animation de la journée disparut soudain et une douce sérénité s’étendit sur toute l’auberge. Cependant la soirée était délicieuse. L’air que l’on respirait était léger et vivifiant. La brise qui répandait à cette heure crépusculaire le parfum délicat du gazon en fleurs annonçait joyeusement l’arrivée de la Reine de la nuit. Bondo, triste et silencieux, invita son cousin Singdo à aller faire un tour sur la terrasse. Là, tous deux bavardèrent longuement jusqu’à fort avant dans la nuit.

Le lendemain matin, au grand étonnement de