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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Or, donc, le vingt et unième jour du quatrième mois de cette année-là, Bondo, le Seigneur An Kidon et Singdo partirent ensemble Le premier pour se marier, le second pour servir de témoin au mariage de son fils, et le troisième pour se rendre à Séoul, capitale de la Corée. Ils étaient escortés par une suite nombreuse.

Au coucher du soleil, ils atteignirent le carrefour « Tchun-Ansan-Gry », d’où Singdo devait prendre congé de son oncle et de son cousin.

Ce carrefour est certainement un des carrefours les plus intéressants et les plus anecdotiques de la Corée. Situé au milieu de la pittoresque plaine presque déserte de Jun-Jou, il donne naissance à toutes les grandes routes du Sud de la péninsule coréenne. Au surplus, il est le croisement même des routes de Séoul à la province de Kiung-Sang et de Tchoung-Tchung à la province de Jun-La. Tous les jours, une foule considérable des classes les plus diverses du pays passe par ce carrefour. De là tout voyageur se renseigne sur le chemin à parcourir pour atteindre la prochaine auberge, car après le carrefour Tchun-Ansan-Gry, il faut de longues heures de marche pour trouver un gîte. D’ailleurs il est rare que le voyageur ne s’arrête pas au moins une nuit dans quelque auberge aux environs de ce carrefour le beau paysage, les hôtels pittoresques qu’on y trouve et surtout la renommée de leur cuisine sont de nature à tenter les passants, généralement fatigués et ennuyés de leur long voyage. À l’époque où se place notre récit, il n’y avait, à ce carrefour, qu’une vingtaine de jolies chaumières, bordant les deux côtés de la route.