Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

répondit qu’ils n’avaient rien à prêter. Hungbou revint à la maison tout humilié. Cependant il fallait nourrir sa vieille mère. Il alla chez les voisins d’où il revenait toujours les mains pleines, car si tout le monde dans le village haïssait et blâmait Norbou, le brave Hungbou y jouissait d’une amitié sincère et d’une familiarité respectueuse.

L’hiver fut, cette année-là, particulièrement dur pour Hungbou qui, n’ayant aucune provision à la maison, dut faire un effort presque surhumain pour soutenir l’existence de sa famille. Cependant le printemps arriva, et avec lui, la vie et la joie régnèrent partout. Un jour, profitant des doux rayons d’un soleil printanier, Hungbou prenait l’air devant sa chaumière. Et en contemplant le merveilleux spectacle de la Nature qui se déroulait partout devant ses yeux, il disait tristement :

— « Ah, vraiment la vie humaine ne vaut pas celle de la plante ! puisque la plante ressuscite et rajeunit tous les ans avec le printemps ! »

Soudain les cris aigus et inaccoutumés des hirondelles qui avaient leurs nids justement au-dessus de sa fenêtre, attirèrent l’attention de Hungbou. Et aussitôt il constata qu’une d’elles gisait par terre ayant une patte blessée, tandis que deux autres poussaient des cris d’alarme comme si elles suppliaient Hungbou de venir à leurs secours. Celui-ci, ému de cette scène, prit soigneusement l’oiseau dans sa main et lui prodigua des soins attentifs en appliquant sur sa blessure les médicaments nécessaires. Et tous les jours il allait voir sa malheureuse hirondelle.