Page:Seu - Miroir, cause de malheur, et autres contes coréens, 1934.pdf/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56
MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

geuse. D’ailleurs cela ne tient qu’à toi puisque tu as eu la première place au concours national et que notre Auguste Empereur se montre plein de sollicitude à ton égard.

Kim-Kisou, après avoir réfléchi sur l’extrême indigence de sa famille et sur la légitime espérance de son père, se décida de partir, le lendemain, pour Séoul.

Arrivé à la capitale, il présenta à l’empereur une supplique demandant un poste digne du premier lauréat du concours national.

L’Empereur ne pouvait lui donner satisfaction à cause de son jeune âge. Néanmoins il fit venir Kim-Kisou, un soir dans son palais afin de s’entretenir avec lui dans l’intimité.

D’un ton paternel, il l’interrogea d’abord sur mille sujets divers, puis abordant enfin le sujet qui intéressait plus particulièrement Kim-Kisou il lui dit :

— « Ne croyez-vous pas que c’est trop tôt pour vous de… » L’Empereur voulait lui dire par ces mots qu’il était encore trop jeune pour être un fonctionnaire important. Mais le jeune homme l’interrompit par cette réplique adroite :

— « Sire, ne dites pas qu’il est encore tôt, mais dites qu’il est plutôt tard, car je ne suis arrivé au palais qu’après dîner. »

Évidemment il y avait là un sens équivoque voulu. L’Empereur le devina aisément. Il fut émerveillé par cette réponse spirituelle qui ne manquait ni de finesse ni de bon sens.

— « Décidément je me trompe ! poursuit le souverain, vous êtes capable de remplir une