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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

La pauvre femme continua son chemin après lui avoir donné le riz. Mais elle rencontra encore un tigre qui lui dit à nouveau :

— « D’où venez-vous et où allez-vous ? »

— « Je viens du village de Long-Mac où j’ai gagné, au prix de mes peines, du riz, des bonbons et de la viande, répondit la pauvre femme, pour nourrir mes petits qui m’attendent à la maison. »

— « Donnez-moi vos bonbons où je vous mange ! »

Elle les lui donna. À peine eut-elle fait quelques pas, qu’un autre tigre lui demanda la viande. Elle donna encore[1]… Puis un autre lui demanda sa jupe qu’elle donna toujours… De cette façon, la pauvre femme fut dépouillée jusqu’à la dernière pièce d’étoffe qu’elle portait sur le corps. C’était le même tigre qui revenait toujours, se plaçant sur la route de cette pauvre femme. Après s’être déguisé en paysanne, à la manière de sa victime, grâce aux robes accaparées, il s’en alla chez les enfants de cette dernière. Arrivé devant la porte, il frappa. Les voix aiguës des enfants répondirent :

— « Qui est là ? Est-ce maman ? »

— « Oui, c’est moi ! Ouvrez la porte ! »

— « Mais ce n’est pas la voix de maman ! » murmurèrent les enfants.

  1. Ce conte est une de ces historiettes qu’on raconte en Corée aux enfants pour les inviter au sommeil. L’héroïne rencontrera autant de tigres qu’elle a sur elle de pièces de vêtements et parfois même de membres.