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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Poussé par sa curiosité, il entra dans la chaumière et pria le maître de bien vouloir lui dire la raison de cette « gaîté triste ».

— « L’homme que vous voyez là en deuil, répondit le vieillard d’une voix mélancolique, est mon fils, et cette jeune femme à la tête rasée est ma bru. À l’occasion de mon soixante-dixième anniversaire ma bru a vendu ses beaux cheveux à un perruquier, faute d’autres moyens, pour m’offrir aujourd’hui un vin d’honneur. Or les gestes de mes enfants m’ont tellement touché que je n’ai pu empêcher mes larmes de tomber. C’est pour dissiper ma tristesse que mon fils chante et ma bru danse ! » termina-t-il en fondant de nouveau en larmes.

Le Roi fort ému par cette scène, rentra aussitôt dans sa capitale. Et il convoqua immédiatement au Palais-Royal ces trois braves malheureux et leur fit un très riche don sous le titre de « vertu filiale ». Ce n’était pas tout, le Roi voulut que ce prix eut un retentissement national. Il ordonna l’ouverture d’un concours extraordinaire de Mandarins, auquel il donna lui-même le sujet suivant :

« Sanga-Singmou-Loïnkoc », ce qui peut-être traduit ainsi : « Le chant joyeux d’un homme en deuil et la danse gracieuse d’une bonzesse charmante provoquaient les larmes compatissantes d’un vieillard ému. »