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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

vous me juriez de vous abstenir dans la chambre nuptiale, je vous donne tout de suite la somme de cent mille liangs pour sauver votre père. »

Il accentua tout spécialement sur les derniers mots : « pour sauver votre père », comme s’il voulait lui rappeler qu’il s’agissait ici d’un devoir sacré.

— « Pour sauver mon père, Seigneur, je suis prêt à sacrifier ma vie ! Vos désirs seront donc satisfaits. »

Le jour de la cérémonie, le jeune homme arriva avec son hôte chez la fiancée. Tout le monde admirait la beauté du jeune homme plus que celle de la fiancée. La nuit arrivée, le père du fiancé envoya un de ses plus fidèles et habiles domestiques pour épier la conduite du jeune homme dans la chambre nuptiale.

Par un trou de fenêtre habilement percé, le domestique observa Le jeune homme se couchait tout habillé dans un coin, le visage contre le mur. La jeune mariée, assise près de lui, avait l’air à la fois fort inquiet et ennuyé. Soudain elle adressa au jeune homme quelques paroles qui restèrent sans réponse. Quelques instants après elle répéta vainement les mêmes paroles avec un accent d’insistance. Quand, pour la troisième fois, elle n’obtint pas une réponse du jeune homme, elle le réveilla et lui dit :

— « Seigneur, que signifie votre froid silence qui me semble un affront ! Si dès le premier jour sacré d’une longue vie conjugale vous me tournez le dos, quelle sera donc notre vie de demain ? Je ne veux point recevoir l’affront de personne ! Et par ma mort j’entends sauver tout de